EUPREPIOPHIS MANDARINUS

(Couleuvre de Jade ou Serpent Ratier Mandarin)

 


Le serpent ratier mandarin ou couleuvre de jade (Euprepiophis mandarinus) est un véritable joyaux asiatique. Sa beauté n’a d’égale que sa discrétion. Ses mœurs à l’état naturel restent quelque peu énigmatiques en raison de cette discrétion légendaire...

Systématique

Le serpent ratier mandarin fut décrit pour la première fois en 1842 par Cantor sous le nom de Coluber mandarinus. Il pris par la suite la dénomination d’Elaphe mandarina en 1925 (Stejneger) et en 1943 (Smith), qu’il garda jusqu’en 2002 (Utiger et al), pour devenir Euprepiophis mandarinus.
Cette espèce de la famille des colubridae et de la sous-famille des colubrinae ne possède pas de sous-espèce.

Noms vernaculaires

Les noms vernaculaires d’Euprepiophis mandarinus (serpent ratier mandarin et couleuvre de jade) ont un rapport avec son origine chinoise et la livrée de certains spécimens.

Répartition géographique

Euprepiophis mandarinus vit dans le Sud-Est de l’Asie : Chine (Centre, Est, Sud et sur l’île de Zhoushan), Tibet, Inde (Nord-Est), Myanmar (Nord), Taïwan, Viêt Nam (Nord-Ouest), Thaïlande.


Biotope

Euprepiophis mandarinus est capable de s’adapter à des milieux divers et variés. On rencontre la couleuvre de jade dans des biotopes aussi différents que : les forêts claires, les forêts de montagne, les lisières des bois, les champs secs, les rizières, les pentes rocailleuses, les zones cultivées, les friches ou les zones à forte densité de végétation.
Ses biotopes varient de 300 à 2 500 m d'altitude, et à plus de 3 000 m au Tibet. Le serpent ratier mandarin préfère les altitudes plus élevées pour y trouver des températures plus fraîches.


Description

L’identification d’Euprepiophis mandarinus est facile. Ce colubridé ne ressemble à aucun autre.

Euprepiophis mandarinus est une espèce de couleuvre de morphologie fine, élancée et élégante. Sa tête de forme ovale, possédant un museau arrondi, est peu distincte du cou.
Le corps est d’aspect svelte, se terminant par une queue modérément courte. La morphologie de la "mandarina" est liée à ses moeurs.

Euprepiophis mandarinus possède une couleur de fond gris. Ce gris peut être différent: gris clair, gris cendré, gris rougeâtre, gris brun. La couleur de base peut également apparaître rose saumon (en raison des taches rouges sur les écailles grises) ou blanc. Sur le corps se trouvent de 22 à 30 ocelles en forme de losange. Ces derniers sont jaunes bordés d’un large contour noir, le tout entouré d’un fin liseré jaune. Les dessins sont variables d’un sujet à l’autre, ce qui permet de différencier les individus,

La tête est jaune, jaune vif ou parfois blanchâtre, rayée de trois bandes transversales noires. La première se trouve à la pointe du museau. La deuxième, légèrement courbée, se trouve au milieu de la tête et passe par les deux yeux. La dernière, très large, en forme de V part du centre de la tête pour finir, de chaque côté, derrière la tête. Un petit trait noir part de derrière l’œil pour rejoindre la lèvre (ces lignes noires, rayonnantes, contribuent à dissimuler les yeux noirs). On retrouve sous la mâchoire inférieure une partie des deux premières bandes ainsi que du petit trait.
La face ventrale est blanche ou jaune avec de larges points ou bandes noirs.

Euprepiophis mandarinus possède 21 ou 23 rangées d’écailles dorsales lisses, de (200) 210 à 240 (241) ventrales et de (59) 62 à 80 (82) sous-caudales. L’écaille anale est divisée, la loréale est très petite ou manquante et elle est, en partie ou entièrement, soudée à la préfrontale.

La taille du serpent ratier mandarin varie de 90 à 120 cm, pour un maximum de 175 cm.

Gumprecht (2004) rapporte la taille de 185 cm avec un poids de 750 gr pour un spécimen femelle arrivant du Viêt Nam.

La taille varie selon la provenance d’origine :
Spécimen de Chine : 90 à 110 cm
Spécimen de la province de Sichuan : 100 à 130 cm
Spécimen du Viet Nam : 130 à 175 cm.

Moeurs

La couleuvre de jade possède des mœurs terrestres et semi-fouisseuses.
De comportement discret, Euprepiophis mandarinus reste dans la journée tapie parmi la litière végétale (ses ocelles contribuent à briser sa silhouette). Il peut aussi se cacher sous des souches, sous des roches ou dans des terriers. Actif le matin, à la recherche d’un rayon de soleil pour se réchauffer. Le serpent ratier mandarin profite du début de soirée ou de la nuit pour partir en chasse.
Ces mœurs nocturnes et son comportement discret, empêchent de mieux connaître le serpent ratier mandarin à l’état sauvage.

Nourriture

La forme étroite de la tête et le museau arrondi permettent à Euprepiophis mandarinus de fureter dans les fissures et les terriers en quête de jeunes rongeurs encore au nid. De petits oiseaux ainsi que leurs pontes peuvent aussi faire partie de sa nourriture.

Reproduction

Après une hibernation de 2 à 4 mois et un accouplement au printemps (Schulz (1996) a observé "des combats" entre mâles), une ponte allant de 3 à 9 œufs (jusqu’à 12) et exigeants de 48 à 55 jours d’incubation donne naissance à des petites couleuvres de jade.
Mais peu d’observations sur la reproduction à l’état naturel sont connues.

 

 

Vie en captivité
 

Pour réussir l’élevage de cette espèce "mythique" de la terrariophilie, il est important de répondre aux très fortes exigences de sa maintenance. Au moindre écart, cela peut devenir catastrophique.
Dans cet article, vous trouverez les données que l’on rencontre fréquemment dans la littérature et sur le net, ainsi que ma propre expérience d’élevage de spécimens d’Euprepiophis mandarinus, qu’ils soient d’origine sauvage ou nés en captivité "NC".

 

Le choix d'un spécimen

Si vous vous lancez dans l'élevage d'Euprepiophis mandarinus, faites l'acquisition d'un spécimen "NC', même si le prix de celui-ci, à partir de 150€ pour un spécimen nouveau-né, est au minimum le double d'un spécimen d'origine sauvage (de 80 €).
Mais en quelques semaines, vous vous rendrez compte qu'en essayant de faire quelques économies, vous avez fait une grosse erreur..
La plupart des spécimens d'origines sauvages sont parasités, déshydratés et affaiblis par des conditions déplorables de maintenance, après leur capture dans le pays d'origine. 90% des serpent ratiers mandarin sauvages meurent avant d'arriver sur le marché de la terrariophilie. Pour ceux qui ont la chance d'arriver chez un éleveur, très peu ne survivent plus de 6 mois à une maintenance en terrarium.
En résumé, ne tenter l'élevage d'Euprepiophis mandarinus qu'en achetant absolument des spécimens Nés en Captivité. Il existe également des localités et quelques phases naturelles : essayez de ne pas les "hybrider" de manière à garder des souches saines.


Voici les localités (à venir dès que j'aurai plus d'infos vérifiées...):



Voici les seules mutations connues :


"High-Yellow"                                                       "Hypo"


"Lignée"                                                                             "Paternless"


"Red"


Les spécimens dits "axanthiques" ne sont pas des mutations mais des spécimens endémiques à une localité spécifique au Vietnam. Ces spécimens naissent noirs & jaunes éclatants à la naissance (nettement plus contrasté que les autres E. mandarina) et commencent à perdre ses couleurs au fur & à mesure des mues. Un individu âgé de 1 an n'aura quasi plus de jaune...






 

Terrarium

Le terrarium dont la taille peut varier de 80 à 120 cm de long x 40 à 70 cm de profondeur x 50 cm de haut, devra être en verre plutôt qu’en bois, en raison d’un taux d’humidité assez élevé, qui pourrait apporté de la moisissure dans un terrarium fabriqué en bois. L’aération devra être importante, pour éviter toute stagnation d'air, mais sans être excessive.
Le terrarium devra être aussi placé dans l’endroit le plus frais de la pièce d’élevage et le plus bas possible. Tout cela pour obtenir la température la plus basse possible.


Température:

La température est le premier point important pour la maintenance d’Euprepiophis mandarinus. Dans la littérature, il est possible de trouver des données de températures diurnes comprises entre 24° C (au point froid) et 30° C (le maximum au point chaud). Il me parait raisonnable de ne jamais dépasser les 27° C au point le plus chaud. Les spécimens originaires du Viêt Nam supportent mieux les températures élevées. Les températures nocturnes seront quant à elles, comprises entre 18 et 20° C.

Pour les spécimens sauvages originaires de Chine, 25° C au point chaud, est le maximum toléré. Au dessus, ces spécimens s'installent dans le récipient d’eau et la régurgitation des proies est systématique. Le point le plus frais dans leur terrarium se situe aux alentours de 20° C.

 Pour les spécimens "NC", mêmes s’ils supportent de brèves périodes à 28° C, la température, en journée, au point chaud est de 26° C. Pour eux, le point froid est à 22° C.
 
Pour toutes les couleuvres de jade, le chauffage est éteint la nuit pour que la température nocturne soit aux alentours de 17-18° C.


Hygrométrie:

Le taux d’hygrométrie, deuxième point important, doit se situer aux environs de 80%. Ce taux d’hygrométrie est obtenu en pulvérisant deux à trois fois, par jour, le décor du terrarium d’eau froide. Cela permet aussi de diminuer la température lors des périodes de chaleur.
Le taux élevé d’hygrométrie est nécessaire au printemps et en automne, alors que pendant l’été il peut être moins important.


Attention que le sol ne soit pas détrempé, qu’il n’y ai pas de condensation sur les vitres et de ne pas pulvériser, de l'eau froide, directement sur les animaux.
Pour des spécimens sauvages, le taux de 80% d’humidité est respecté.

Pour les "NC", un taux d’humidité un peu plus bas (60 %) est très bien accepté à condition qu’ils aient à leur disposition une boite remplie de sphaigne humide.

Eclairage:

L’intensité de l'éclairage doit être moyenne. L’éclairage peut être diffusé, pendant une période de 10 à 12 heures en pleine saison, par tubes fluorescents ou par spot muni d’une ampoule de 40W et d’un réflecteur. Toujours mettre le système d’éclairage à l’extérieur du terrarium, pour éviter toute source de chaleur supplémentaire.
Pour ma part, en raison d’une bonne luminosité naturelle de la pièce d’élevage, aucun système d’éclairage n’est utilisé, même s’il est présent dans les terrariums en bois au cas où.

 
Décor:

De part leur comportement timide, le décor d’un terrarium recevant des Euprepiophis mandarinus est un autre point important.
Celui-ci devra comprendre différentes cachettes posées sur le sol ou enfouies et formant un réseau, sous une épaisse couche de substrat (de 10 à 15 cm), qui peut être composé de terreau, de tourbe ou de sphaigne. Le substrat choisi, devra supporter les 80% d'hygrométrie.
Le substrat que j’utilise est la sphaigne du côté frais et de la tourbe au côté « chaud ».

 Très aérée, la sphaigne permet aux couleuvres de jade de se déplacer facilement sous le substrat, pour ne laisser apparaître que de temps en temps leur tête.

Quelques plantes artificielles posées au sol, viendront compléter le décor et au cas échéant, servir de cachettes. Des branches peuvent être aussi installées, même si la plupart du temps, elles ne serviront pas. Il arrive quand même, que l’on retrouve de temps en temps un spécimen perché sur l’une d’elle.
Un récipient de bonne taille, mais pas très haut, rempli d’eau toujours propre est indispensable.

Nourriture

En captivité, la nourriture d’Euprepiophis mandarinus est composée que de rongeurs (souris, rats). Le nourrissage se fait principalement le soir et dans le terrarium pour éviter tout stress aux couleuvres de jade.
Pour les spécimens nouveau-nés, un premier repas composé d’un souriceau est très vite accepté. Il suffit après de donner des proies adaptées à la taille du serpent.

 Dans la plus grande majorité des cas, les serpents ratiers mandarin n’acceptent que des petites proies peut mobiles ou fraîchement tuées et refusent toutes proies ayant du poil.
Les spécimens "sauvages" font partie de cette majorité, alors que les spécimens adultes "NC" acceptent des souris poilées. Certains "NC" acceptent, même, de manger hors du terrarium.


Reproduction

La reproduction d’Euprepiophis mandarinus n’est plus quelque chose d'exceptionnel, à condition de bien maîtriser quelques paramètres et de posséder des spécimens reproducteurs âgés de 3 ans, même si certaines femelles sont matures dès l'âge de 18 mois (Halimi. A & Cohen. J.P).

Le premier est la période d’hibernation Elle est obligatoire pour stimuler les spécimens reproducteurs. Celle-ci se fera pendant 3 à 4 mois, dans l’obscurité, à une température comprise entre 5 et 12° C. L’on peut faire aussi une hivernation à 14/15° C, en sachant qu’à cette température certains spécimens sont encore actifs et peuvent manger et digérer.

A la sortie d’hibernation, et après avoir bien alimenté les spécimens reproducteurs, les accouplements nocturnes, d’une durée allant de 10 à 30 minutes et souvent nombreux et violents (les mâles saisissent les femelles en les mordant fortement au niveau du cou) peuvent commencer. Les femelles sont réceptives que sur une très courte durée. Cela explique peut-être l’acharnement que mettent les mâles à vouloir s’accoupler.

Pour que la femelle puisse pondre en toute tranquillité, il faut l’isoler du mâle et prévoir un pondoir, de taille adaptée, rempli de vermiculite ou de sphaigne humide. A cette période, éviter d’avoir du substrat humide dans le terrarium, pour que la femelle aille, obligatoirement, déposer ses œufs dans le pondoir.


Entre le mois de mai et juin, de 3 à 12 œufs seront pondus en fonction de la taille de la femelle et de son origine (les spécimens du Viêt Nam ont de plus grosses pontes).
L’incubation des œufs se fait à une température comprise entre 26 et 28° C

 Tableau des températures d'incubation :
 
26° C : de 50 à 55 jours d'incubation (compter 10 jours de plus pour les spécimens originaires du Viêt Nam)
27° C : de 44 à 50 jours
28° C : de 43 à 49 jours

Les nouveau-nés mesurent à la naissance 30 cm (à 40 cm pour les vietnamiens).

Ils seront élevés séparément dans des boites d’élevage rempli de mousse humide (les jeunes spécimens sont très sensibles à la déshydratation), à une température de 28°C.
Après une première mue qui survient aux environs du 10 ème jour, le premier repas, proposé le soir, sera composé d’un souriceau nouveau-né et sera accepté sans grande difficulté.


Comportement

Timide, Euprepiophis mandarinus fuit dès que l’on s’approche de son terrarium. Il est très difficile de l’observer. Si certains spécimens se laissent attraper assez facilement, d’autres n’hésitent pas à faire vibrer leur queue et à se projeter (gueule en avant), ce qui est assez impressionnant !

Par contre, je n’ai jamais entendu parler de spécimens réellement mordeurs.










 

Références bibliographiques

Fiche technique réalisée par Alain Moreau à partir d'infos. compilées sur :

Gumprecht A (2004) - Die Mandarinnatter Euprepiophis Mandarinus / Elaphe Mandarina. Edt Ntv Natur Und Tier-verlag
Halimi A & Cohen J.P (1996) - Elaphe mandarina. La couleuvre légendaire. Terrario magazine N°2 p.10-14
Keller C (2006) - Euprepiophis mandarinus (Cantor, 1842). Le serpent ratier mandarin Maintien et reproduction en captivité. Situla N°14 p.36-41
Perringaux P (1990) - 100 reptiles en terrarium p.100. Edt D.P Perringaux
Staszko R & Walls J.G (1994) - Rat snakes A hobbyst's Guide to Elaphe and Kin p.168-171. Edt t.f.h

Compléments d'infos. : kletternattern.de (Ralf Anthöfer)

 
 



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