MEHELYA CAPENSIS


L'espèce a changé de nom en 2011 pour s'appeler dorénavant GONIONOTOPHIS CAPENSIS (Kelly, Christopher M.R., William R. Branch, Donald G. Broadley, Nigel P. Barker, Martin H. Villet 2011. Molecular systematics of the African snake family Lamprophiidae Fitzinger 1843 (Serpentes: Elapoidea) with particular focus on the genera Lamprophis Fitzinger 1843 and Mehelya Csiki 1903. Mol Phylogenet Evol. 58(3): 415-426.)

Personnellement, je continuerai à les appeler MEHELYA juste par facilité du nom (il est clair que je ne remets pas en cause les recherches des scientifiques quant à l'identification moléculaire permettant la classification des espèces, mais là, c'est trop compliqué !! Loool !)

 

IDENTIFICATION



Le Mehelya Capensis, actuellement renommé Gonionotophis capensis (voir ci-dessus) est également appelé "Serpent Sanka-Ku", ce qui signifie serpent triangulaire en langue Massaï.

Cette espèce a longtemps été recherchée par les collectionneurs et les amateurs, car il s'agit d'un serpent assez rare et très beau. Les premières tentatives pour les maintenir en captivité avec succès se sont avérés problématiques en raison de leur caractère énigmatique et la croyance – aujourd'hui erronée - qu'ils ne se nourrissaient exclusivement d'autres serpents (venimeux de préférence).

Leur allure préhistorique (dessins inhabituels et section triangulaire qui les distingue des autres serpents) et la difficulté d'observation en pleine nature, ont renforcé les difficultés d'élevage terrariophile.

Avec une longueur moyenne d'environ 120 centimètres (des spécimens de 165 cm ont été enregistré), il a une tête très plate et son corps est triangulaire fortement caréné. Les femelles sont plus grandes que les mâles...

Sa couleur est le plus souvent gris à gris-brun, mais de temps en temps d'olive foncé à brun-violet avec un espace pourpre-violet entre les écailles. La bande vertébrale de premier plan est blanche à jaune, tandis que le ventre peut varier d'un blanc ivoire à crème.

Une dizaine de sous-espèces de Mehelya coexistent en Afrique
 

Mehelya capensis capensis
Mehelya capensis unicolor
Mehelya crossi
Mehelya egbensis
Mehelya guirali
Mehelya laurenti
Mehelya nyassae
Mehelya poensis
Mehelya riggenbachi
Mehelya stenophthalmus
Mehelya vernayi
 
Pour info Mehelya capensis unicolor risque d'être menacé d'extinction (Bigendako M.J., 1997)

Il est important de noter que certains herpétologues considèrent cette espèce (en général) comme rare, ceci étant probablement dû au fait qu'il s'agisse d'une espèce très discrete que l'on observe que rarement à l'état naturel.
Cependant, au stade actuel, cela ne constitue pas un facteur suffisant pour considérer cette espèce comme menacée, et ce tant que des investigations plus avancées sur le recensement de ses populations n'aient été réalisées.



Les Mehelya Capensis sont totalement inoffensifs pour l'être humain et ne possèdent aucun crochets, ni glandes à venin.

Il s'agit d'une espèce très docile qui ne mord jamais et adopte une attitude de "timidité" lorsqu'on la manipule : l'animal a tendance à se mettre en boule et à enfouir sa tête sous son corps ! Cependant, en cas de stress, l'animal n'hésite pas à lacher le contenu de ses glandes cloaquales pour dissuader le "prédateur"...

Ce serpent peut vivre de 15 à 20 ans.
Les femelles sont toujours plus grandes que les mâles : de 120cm pour un mâle à 160cm. pour une femelle.


 

REPARTITION GEOGRAPHIQUE & BIOTOPE

Cette espèce se rencontre dans de nombreux pays à l'est de l'Afrique centrale et de l'Afrique du sud : au sud de l'Ethiopie, en Somalie, dans l'ouest du Cameroun, en Afrique du Sud (région du Kwala-Zulu), et au nord de la Namibie. Ils occupent des biotopes dont les altitudes se situent des côtes de l'Afrique (niveau de la mer) jusqu'à 2000 mètres.
On les rencontre également en Angola, Burundi, République de Centre Afrique, Congo, Gabon, Kenya, Malawi, Mozambique, Tanzanie, Soudan, Ouganda, Zambie & Zimbabwe.



 

Ils affectionnent les forêts de plaines et les forêts côtières ainsi que des savanes arrides ou légèrement humides.
Ils passent la plupart de leurs journées enfouis dans des enfractuosités de rochers, dans de vieilles termitières abandonnées ainsi que dans des terriers. Nocturnes, ils soretent la nuit pour chasser.
En Ouganda, cette espèce s'approche régulièrement des habitations de l'homme à la recherche de proies faciles (Pitman 1974).

Vu ses moeurs nocturnes et sa vitesse de déplacement assez lente, ces serpents sont fréquemment retrouvés morts sur le bord des routes...

 

 

ALIMENTATION

En milieu naturel, même s'il n'est pas venimeux, le Mehelya Capensis est un prédateur impitoyable pour tous les serpents venimeux, vu qu'il est immunisé contre le venin de la plupart des serpents tels que Mamba, Cobra et vipères...
A l'état sauvage, il traque ses proies via les traces olfactives laissées derrières elles.



(Merci à Christophe C. pour ces photos)

Il se nourrit également de petits lézards ou de petits rongeurs.
Il s'agit d'une espèce qui est assez "opportuniste" se nourrissant de ce qui passe à proximité.

 

REPRODUCTION

Dès le printemps, les mâles vont chercher des femelles pour se reproduire. Il faut que la femelle soit consentante pour qu'il y aie accouplement, sans quoi la "gente dame" risque de faire passer son prétendant dans son menu alimentaire !
Comme les mâles sont plus petits que les femelles, la période de reproduction est un risque pour ces "messieurs" !

Après hibernation et 3 mois de jeûne volontaire qui ont suivis, notre mâle Mehelya a été mis en contact avec la femelle pendant une semaine... Les terrariums de cette espèce étant dans le séjour, il était plus facile de se prémunir d'un acte d'ophiophagie, même si la femelle avait abondemment été alimentée...

Voici donc les seules vidéos existantes, montrant l'accouplement de Mehelya capensis et on est vraiment très heureux d'avoir pu partager ce moment avec des terrariophiles et herétologues intéressés par des espèces peu communes...










Ovipares, les femelles pondent des portées de 5 à 13 oeufs assez gros pendant l'été.
En général, les femelles peuvent pondre à 2 reprises sur la même période estivale.


Il y a très peu d'informations quant à la reproduction en milieu naturel, celles-ci n'ayant été que rarement observéees.







 

MAINTIEN EN CAPTIVITE (fiche d'élevage)


Terrarium & paramètres de maintenance

Cette espèce est relativement facile à maintenir, et ce tant qu'elle n'est pas dérangée.
C'est un serpent extrèmement timide qui ne supporte pas les manipulations même sporadiques, et ce surtout quand ils sont juvéniles !
Un terrarium assez grand (proportionnel à la taille de l'adulte) est plus approprié vu qu'il s'agit d'un serpent qui grandit assez vite, et qui - vu sa rapidité de croissance - mue une fois par mois. Le terrarium se doit OBLIGATOIREMENT d'être individuel, vu la propension naturelle du Mehelya à manger ses congénères !

Au niveau du substrat, le plus important est de mettre à sa disposition un substrat assez meuble pour qu'il puisse s'y enfouir, ainsi que des cachettes remplies de sphaignes régulièrement humidifiées, mais non détrempées.

Une température de 28° au point chaud est un MAXIMUM, car cette espèce ne supporte pas les fortes chaleurs.
22° à 24° au point le plus frais semble approprié.


Dans la nature, ces serpents ne se déplacent QUE la nuit, ou alors suite à une averse ou un orage... Donc à des températures inférieures à 28° et lorsque le sol est légèrement humide...

Placer également un morceau d'écorce (préalablement désinfectée) sous laquelle il pourra creuser et se sentir en sécurité.
Un bol d'eau large et plat (style gamelle basse) est un "must" pour cette espèce qui apprécie se "mouiller", mais pas se baigner...

Il est important de noter qu'au vu des observations de nos specimens, et ce depuis leur acquisition, ces animaux ne sortent QUE la nuit ! Ils sont cachés toute la journée et ne sortent de leur cachette que lorsqu'il fait nuit noire. 
Ils apprécient énormément un bac avec de la sphaigne humide (posé en partie chaude du terra & formant 1/3 de la surface totale du terrarium) que nous mettons à disposition depuis peu de temps car ils sont très fouisseurs et que, de nos observations nocturnes, ils se promènent pas mal dans la sphaigne humidifiée (ce qui - de plus - facilite leur mue).


Alimentation

Ces serpents ne mangent pas de grosses proies (d'ailleurs, même dans leur milieu naturel, ils ne mangent que des serpents ayant un petit diamètre). Ce sont généralement de bons constricteurs, sauf quand ils sont juvéniles.
Les bébés Mehelya se nourrissent de rosés souris que l'on pose dans leur terrarium à la tombée de la nuit. Il est inutile de tenter de les nourrir à la pince, car ces serpents, surtout petits, sont extrèmement peureux. Les juvéniles sont terrifiés par un nourrissage à la pince.
En cas de difficultés pour démarrer un juvénile, on peut donner du poisson (ou du coeur de boeuf) frotté contre un rosé souris, mais certains - plus récalcitrants - n'acceptent que du serpent vivant... comme le montre la vidéo ci-dessous (nourrissage de notre 1er NC de France...)


Généralement, il est préférable de les nourrir (même les adultes) à la tombée de la nuit et en posant la proie décongelée à l'entrée de leur cachette habituelle.


Reproduction

Lorsque le mâle et la femelle sont mis en contacts, il faut rester TRES VIGILANT & PRESENT quant à la réceptabilité du mâle par la femelle. En cas de refus du mâle par la femelle, elle peut en faire son menu !
Les oeufs mettent 90 jours pour éclore à une température moyenne de 27,5°. A la naissance, les petits ne se nourrissent pas avant 3 à 4 semaines après l'éclosion.

La femelle pond de 5 à 13 oeufs assez gros, et une seconde ponte fertile environ 5 semaines plus tard, n'est pas inhabituelle.



Comportement

Ce serpent a un comportement très particulier en cas de manipulation : son but est surtout de cacher sa tête d'une façon ou d'une autre pour à se cacher de la lumière. Le Mehelya ne supporte pas la lumière du jour qui l'éblouit et le met en panique... Lorsqu'on les manipule sporadiquement pour le grand nettoyage de leur terrarium respectifs, ils se mettent en boule au creux de la main, et enfouissent leur tête au creux de la "boule" qu'ils forment avec leur corps.

Si on les saisit par le corps, ils tentent de se débattre tant que leur tête n'est pas cachée (sous le substrat ou quoique ce soit...). Une fois la tête dissimulée, ils se laissent faire et ne bougent plus.
Le Mehelya est donc le seul serpent que je connaisse qui adopte la "politique de l'autruche"... Tant que sa tête est dissimulée, il a l'impression qu'on ne le voit pas ! ;)


Voici la toute première vidéo de nos spécimens quand ils sont arrivés dans l'élevage JURASSIK-VAR




Ponte du 19 juin 2017


Eclosion des premiers juvéniles exactement 3 mois après la ponte, soit le 18 & 19.09.2017








 



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